L’agriculture en héritage

Lorsque j’ai repris l’exploitation familiale en 1997, la culture principale était le tabac.

Cette production, très énergivore et peu respectueuse de l’environnement et de la santé publique, nous rendait dépendant des intrants chimiques et des firmes agro-industrielles.

Faire face à l’urgence écologique

Au fil des années, j’ai vu les sols s’appauvrir et se dégrader. J’ai pris conscience que si  l’on ne faisait rien pour changer, on courait à la catastrophe écologique : appauvrissement des sols, destruction de la biodiversité, accélération de l’érosion…

C’est tout un écosystème que nous détruisions et dont nous payons aujourd’hui les conséquences. Les sols dégradés finissent par ne plus produire.

Mais un changement radical de notre mode de production n’était pas envisageable à court terme. Il fallait pourtant trouver un moyen de sortir de ce cercle vicieux.

Vers la renaissance d’une terre vivante

Dans la première sapinière plantée en 1996, le sol n’avait pas été travaillé depuis plusieurs années et j’ai pu observer que le taux de matière organique y était élevé et la vie biologique foisonnante. La sapinière évoluait pratiquement comme une forêt naturelle.

J’étais alors convaincu de la nécessité de transposer cette méthode au reste de l’exploitation. J’ai donc choisi de prioriser la vie des sols en arrêtant les labours, pour permettre à la terre de se régénérer. Pour cela, il a fallu réadapter le parc matériel et repenser l’ensemble des techniques culturales.

Un nouvel horizon : l’agriculture responsable

Progressivement, les sols reprenaient vie. Les cultures poussaient mieux qu’auparavant, mais nécessitaient toujours des intrants chimiques. Or, je voulais aller plus loin et me tourner vers une agriculture totalement indépendante et durable.

C’est en 2020 que j’ai pu arrêter la culture du tabac et m’engager dans l’agriculture biologique.

Soja, pissenlit, triticale, féverole, blé de qualité meunière, sarrasin, luzerne… Toutes nos cultures sont aujourd’hui labellisées « Agriculture Biologique », à l’exception des sapins, qui sont néanmoins cultivés selon la même philosophie : celle du respect de la nature et de l’environnement.

Claude Kieffer
Producteur de sapins